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XVII

UNE PRESCRIPTION MERVEILLEUSE


Les trois étrangers n’avaient pas eu de peine à se faire agréer du maître de la maison. Une fois passées les émotions de cette soirée si mouvementée, une fois les explications données, les présentations faites, Mortimer les avait remerciés chaleureusement de leur intervention et les avait priés de s’installer au château ; il avait demandé à Dolbret, en même temps, d’attendre qu’il se fût remis de cette alerte, pour lui confier ses projets. Il avait dit « projets ». Ce mot rendait Dolbret perplexe. Il se demandait quels pouvaient être ces projets et quelle place lui, Dolbret, pouvait y tenir. Maintenant tout était rentré dans l’ordre, le silence s’était de nouveau abattu sur la triste demeure, la coiffure de la reine Victoria avait été restaurée avec tous les honneurs dus à son âge, et les jours se passaient, monotones, pleins d’ennui. Les parfums des fleurs, les couchers de soleil, qui là-bas, sont une féerie à cause du rayonnement de la poussière dans l’air, les longues heures passées à contempler, dans les étangs frangés d’herbe, les poissons rouges et dorés, tout cela fatiguait Dolbret ; le vrai rêve de sa vie semblait s’être évanoui pour faire place à autre chose, à une ombre de vie sans but. Il se demandait parfois : « Aurai-je le courage de dire à Mortimer ce que je viens faire ici ? Et si jamais je m’y décide, que me dira-t-il ? Au fait, quand même il me don-