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— Pardon, madame de vous déranger ; mon maître, qui vient de sortir, a oublié de donner cette bourse à mademoiselle Mortimer et il m’a demandé de la lui remettre à elle-même.

— Entrez, poussez la porte de droite, répondit la nonne.

Berthe vint pour la seconde fois. À la vue de l’étranger, elle resta tout étonnée ; elle se demandait depuis quand Pierre Dolbret avait pris un domestique, et comment il se faisait qu’il lui envoyait une bourse. Horner, vêtu d’un complet blanc, rasé de frais, avait très bonne apparence ; d’ailleurs l’expression mauvaise dont Dolbret avait été si frappé disparaissait pour faire place à un sourire aimable, et Berthe ne savait trop que penser. Il la regardait toujours en souriant.

— Vous ne me reconnaissez pas, mademoiselle Mortimer ?

Berthe, au son de cette voix, se ressouvint ; elle recula effrayée et, étendant la main, comme pour se garer, elle se laissa tomber sur une chaise en murmurant :

— L’évêque !

Horner ne fit pas un pas, pas un mouvement, pas un geste, mais il parla lentement, comme un homme qui a préparé ce qu’il a à dire et veut le dire avec tout l’effet possible :

— Non pas l’évêque, non pas celui que vous avez vu sur le paquebot et que vous avez peut-être appris à mépriser, mais Daniel Horner, honnête homme, Daniel Horner qui n’a plus aucune relation avec Polson ni avec Bilman, ni avec Ascot, mais qui a été trompé par eux ; Daniel Horner, à qui une part était promise dans le trésor de Kruger, qui l’a sa-