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ment voir Berthe Mortimer. Pendant ce temps-là, nous irons à la gare et nous filerons sur Pretoria, puis Lourenço-Marquès, car il est fort probable que la fausseté du télégramme de Natsé sera vite découverte et que, avant le soir, les trains reprendront leur circulation ordinaire.

Maintenant, ce que nous avons de mieux à faire, c’est de décamper demain matin ; le capitaine a poussé l’amabilité jusqu’à envoyer conduire Dolbret et ses amis en chaloupe ; cela veut dire que le docteur est très bien avec le capitaine et que nous, nous sommes très mal. Il vaut mieux ne pas mettre plus longtemps notre bonne fortune à l’épreuve.

Le lendemain, vers midi, les roues légères d’un rickshaw blanc, traîné au pas menu d’un grand Hindou, faisaient craquer le sable de la rue Brighton, une des rues chics de Durban. Il avait à peine tourné le coin de l’avenue des Palmiers, qu’une autre voiture l’y suivit. Le voyageur du dernier rickshaw gourmandait le coolie, qui suait à grosses gouttes sous le soleil, mais le premier tenait bon et il arriva bientôt devant une grande maison de brique rouge, à quatre étages, aux fenêtres régulièrement alignées chaque côté de la porte centrale. Celui qui y avait pris place en descendit précipitamment, enjamba les marches du perron de pierre et sonna. La porte s’ouvrit, et, au fond d’un passage étroit, à travers le grillage d’un petit guichet, le visage d’une nonne toute blanche sous la guimpe et le voile, lui apparut timide et souriant. Il s’inclina et demanda :

— Madame la provinciale ?

— Madame la provinciale est sortie en ce mo-