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avec un homme important de la ville, autrefois gouverneur à Lourenço-Marquès, il parvient à se renseigner et apprend que la belle jeune fille est héritière de l’immense fortune et du nom de Cunha. Nous ne raconterons pas par le menu le roman qui suivit cette rencontre. Un mois plus tard, le voyageur repartait pour Lourenço-Marquès avec sa conquête. Catherine de Cunha était belle comme les amours mais frêle comme une fleur. La fleur ne vécut pas longtemps, les lagunes de Lourenço la flétrirent. Et quand la tombe se fut refermée sur la pauvre jeune femme, le châtelain fit venir des maçons qui burinèrent sur l’une des portes, celle par où Catherine était entrée, à son arrivée de Portugal, le mot si triste : CEDOFEITA ! Bientôt faite, bientôt passée la fleur, bientôt passée la vie, bientôt fini l’amour ! Depuis ce jour lamentable, — depuis vingt ans — le château, enfoui dans la végétation exubérante, semblait dormir ; rien n’y bougeait, personne n’y parlait, et les timbres graves des lentes pendules y résonnaient avec l’amplitude de cloches de cathédrales, tellement le silence y était profond. Il semblait que la grande avenue qui aboutissait à la grille en fer forgé séparât le château du reste du monde et en défendît l’entrée.

C’est ce que se demandait, peu de temps après les événements racontés dans les deux premières parties de cette histoire, un personnage que nous demanderons la permission de présenter à nos lecteurs. Très brun, les moustaches et l’impériale grisonnantes, les yeux noirs surmontés de sourcils épais, il semblait appartenir au pays qui nous a valu la ballade des cadets, ou mieux encore, à la pa-