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— Je vous en prie, Wigelius, parlez.

— Je vous ai vu vous jeter à l’eau bravement, au risque d’être englouti, vous aussi, dans le remous de l’hélice. Je vous ai suivi des yeux, et ce qui m’a consolé de ne pouvoir faire comme vous, c’est la confiance que j’avais dans votre habileté et dans votre courage. Chaque mouvement que vous faisiez, je le guettais. Malheureusement je ne sais pas nager et je ne pouvais aller vous aider. Me jeter à l’eau eût été pour moi un acte de folie ; je n’aurais probablement fait qu’augmenter la difficulté de la situation. Pendant que vous enleviez vos habits, Stenson faisait la même chose.

— Ah ! mon ami, dit Dolbret.

— Mais déjà vous étiez rendu auprès de Miss Mortimer. Miss Berthe, faisant un dernier effort, s’est soulevée hors de l’eau, pensant probablement que c’était la dernière fois ; alors elle vous a aperçu, et son sourire, en vous apercevant, a été le divin sourire qu’ont les amants. Vous l’avez bien vu, vous-même, car d’un bond, d’un vigoureux coup de jarret, vous avez franchi une distance énorme et vous l’avez sauvée.

Se tournant vers Stenson, il ajouta :

— Mon ami, acceptez le bonheur de votre ami et ne le diminuez pas en lui retirant votre amitié.

Stenson s’était caché le visage dans les mains pour essayer de ne pas entendre ce qu’il comprenait d’avance. À la prière de Wigelius, il tendit la main à Dolbret en disant :

— Merci tout de même pour elle, mais soyons encore amis. Puis moitié riant :

— Je suis très malheureux d’avoir manqué cette affaire.