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Horner le lui donna. Il le prit, approcha la page de son œil, examina la tache, la sentit, souffla chaud dessus, la sentit de nouveau, puis hochant la tête :

— Il n’y a pas longtemps, il n’y a pas quinze jours.

— Je crois que vous vous trompez.

— Donnez-moi une allumette et je vous dirai exactement depuis quand la tache est là.

— Pourvu que vous ne brûliez pas le papier.

— Non, laissez-moi faire.

Il prit une allumette que lui tendit Polson et, l’ayant frottée sous sa semelle, l’approcha de la tache. La flamme effleura à peine le papier et le jaunit un peu. Natsé souffla l’allumette, se mit à aspirer fortement l’odeur dégagée par la combustion, puis tendit la bible à Horner en disant :

— La tache a été faite avant-hier ou le jour précédent.

— Je vous le disais, reprit Horner, en s’adressant à Polson, la tache est récente. Maintenant il s’agit de savoir qui l’a faite, c’est-à-dire qui a pris le livre et qui a lu la lettre. Natsé, il faut que vous sachiez cela d’ici à ce soir.

— Je le sais déjà, dit Natsé sans broncher.

Les quatre amis bondirent :

— Vous le saviez et vous ne le disiez pas ?

— Je viens justement de l’apprendre et je m’en venais vous faire part de ma découverte.

— Et qui a osé ?

— Je vais vous le dire.

— Parlez vite, dit Horner hors de lui-même.

— Le capitaine avait dans sa bibliothèque un petit volume semblable à votre bible. Il y a trois