Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maintenant je sais. Je sais que tous les métiers, toutes les professions ont besoin d’hommes intelligents et instruits ; je viens vous demander d’utiliser mes connaissances, de me donner la main, de m’aider à sortir de l’impasse où je suis.

Il s’était échauffé à ces dernières paroles et il attendait impatiemment une réponse.

— Monsieur Dolbret, lui dit son interlocuteur, si vous étiez venu me voir plus tôt, si vous étiez venu il y a cinq ans, vous seriez déjà riche. Mais tout n’est pas perdu. Malheureusement, à votre âge et avec votre éducation, il est dur de commencer par le commencement.

— Je suis prêt à tout.

— Voilà qui me met à l’aise. Vous avez des idées pleines de bon sens sur la vie pratique, vous irez loin, je me charge de vous donner l’élan.

Ils arrivaient à la résidence du directeur. Ils entrèrent dans une salle spacieuse servant en même temps de bureau et de bibliothèque. La vie pratique n’est évidemment pas incompatible avec le goût du beau, car la pièce où Dolbret fut introduit était une sorte de petit musée, de galerie d’art ou l’esprit pouvait se reposer de la tension continuelle nécessitée par les affaires.

Tamisant la lumière qui s’y engouffrait par deux grandes fenêtres à carreaux coloriés, de lourdes portières de soie vert pâle descendaient en plis harmonieux, depuis les lambrequins où s’enchevêtraient des feuilles d’acanthe repoussées sur un fond d’or dépoli, jusqu’au tapis oriental mollement étendu sur les tuiles du parquet. Aux murs pendaient des gravures de tous genres, en partie des pièces rares rapportées de loin-