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vendent à vil prix leurs services à la première nation venue qui en a besoin. Le seul métier qu’ils sachent exercer est celui qui donne la mort ; mais ils se battent bravement et avec une fidélité incorruptible au service de ceux qui les engagent. Jamais ils ne s’enrôlent pour un espace de temps déterminé ; c’est toujours à la condition de passer le lendemain à l’ennemi, si l’ennemi leur offre une plus forte paye, et de revenir après sous leurs premiers drapeaux, s’ils y trouvent une légère augmentation de solde.

« Il est rare qu’une guerre s’élève en ces contrées, sans qu’il y ait des Zapolètes dans les deux camps opposés. Aussi voit-on journellement de très proches parents, des amis étroitement liés pendant qu’ils servaient la même cause, se battre ensuite avec le plus vif acharnement, dès que le hasard les disperse dans les rangs de deux partis contraires. Ils oublient famille, amitié, et s’entre-tuent avec une horrible rage, par la raison que deux souverains ennemis payent leur sang et