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perd jamais que sur la fortune publique, ou plutôt sur l’abondance et le superflu de son pays ; car, autrement, l’exportation est prohibée. Voilà pourquoi, en Utopie, les pertes d’argent n’affectent que très faiblement les individus. Ils pensent donc avec raison qu’il serait trop cruel de venger, par la mort d’un grand nombre d’hommes, un dommage qui ne peut atteindre ni la vie ni le bien-être de leurs concitoyens.

« Au reste, s’il arrive qu’un Utopien soit maltraité ou tué injustement, par suite de délibération publique ou de préméditation privée, la république charge ses ambassadeurs de vérifier le fait ; elle demande qu’on lui livre les coupables, et, en cas de refus, rien ne peut l’apaiser qu’une prompte déclaration de guerre. Dans le cas contraire, les auteurs du crime sont punis de mort ou d’esclavage.

« Les Utopiens pleurent amèrement sur les lauriers d’une victoire sanglante ; ils en sont même honteux, estimant absurde d’acheter les plus brillants avantages au prix du sang