Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

imaginaires les plaisirs de la chasse et des jeux de hasard, jeux dont ils ne connaissent la folie que de nom, ne les ayant jamais pratiqués. Quel amusement pouvez-vous trouver, disent-ils, à jeter un dé sur un tablier ? et, en supposant qu’il y ait là une volupté, vous vous en êtes rassasiés tant de fois qu’elle doit être devenue pour vous ennuyeuse et fade.

« N’est-ce pas chose plus fatigante qu’agréable d’entendre japper et aboyer des chiens ? Est-il plus réjouissant de voir courir un chien après un lièvre, que de le voir courir après un chien ? Néanmoins, si c’est la course qui fait le plaisir, la course existe dans les deux cas. Mais n’est-ce pas plutôt l’espoir du meurtre, l’attente du carnage qui passionnent exclusivement pour la chasse ? Et comment ne pas ouvrir plutôt son âme à la pitié, comment n’avoir pas horreur de cette boucherie, où le chien fort, cruel et hardi, déchire le lièvre faible, peureux et fugitif ?

« C’est pourquoi nos insulaires défendent la