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d’elle en sanglotant. Les voisins s’étaient levés et protestaient que Nado était un brave homme incapable de mauvaise action, et qu’il devait être victime d’une erreur. Rien n’y fit et le pauvre ouvrier dut suivre les policiers.

Nado partit donc en consolant sa femme et ses enfants et en les assurant qu’il reviendrait bientôt, répétant avec conviction qu’il était victime d’une méprise qui serait vite reconnue.

Ce soir-là, les habitants de la rue Plançon restèrent plus tard dehors car ils espéraient voir revenir leur voisin ; les femmes s’étaient groupées autour de madame Nado et lui prodiguaient les consolations que leur inspirait la confiance qu’elles avaient en l’honnêteté de son mari.

Une bonne vieille s’offrit même à passer la nuit avec elle, ce que la pauvre épouse accepta avec empressement, ne se sentant pas le courage de rester seule avec son chagrin.

Ce fut une triste nuit d’angoisse que passèrent les deux femmes ; la vieille voisine, ne sachant comment atténuer une douleur si tragique, se réfugia dans la prière. Jusqu’au matin, elle récita son rosaire, auquel la femme de Nado répondit d’une voix souvent étouffée par les sanglots.

Dans la chambre voisine, les enfants dormaient, oublieux et inconscients de la détresse qui veillait à côté d’eux.

Vers midi, l’épouse infortunée vit revenir l’un des policiers qui avaient arrêté son mari. Il venait de la part de Nado.

Hélas ! elles n’étaient guère rassurantes les nouvelles qu’apportait ce messager de détresse. L’ouvrier était tout simplement accusé de vol avec effraction et d’assaut sur une jeune fille.

C’était l’affaire Nangin qu’on lui imputait.

On avait montré l’ouvrier à Mlle Mangin qui, osant à peine le regarder, avait dit le reconnaître comme l’homme qui était entré chez elle, le matin de Pâques et l’avait assaillie.

Nado fut donc ramené en prison pour attendre son