Page:Montreuil - Cœur de Rose et Fleur de Sang, 1926.pdf/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
CONTES ET NOUVELLES

Et l’aigreur qui avait pénétré dans son cœur à l’endroit du bel officier, s’évanouit. Elle lui rendit justice ; il n’avait point cherché l’amour d’une enfant ignorante pour s’en divertir un instant et le repousser ensuite : son esprit, préoccupé d’une autre image, n’avait pas fait attention à la pauvre sauvagesse qui rêvait près de lui. Et Kahita, qui savait comme il était bon, songea à la pitié qu’il aurait maintenant, pour elle… s’il avait deviné le secret qui avait été si près de ses lèvres, le jour précédent.

De la pitié !… Kahita était trop fière pour en voir l’expression dans les yeux de l’homme qu’elle aimait.

Le lendemain, on la chercha vainement au fort George.

On était habitué aux caprices des sauvages, et personne ne s’inquiéta de l’absence ou du départ subit de Kahita.

Lovack lui-même n’eût guère le temps de s’étonner de la brusque détermination de sa protectrice, car le colonel Norey,