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KAHITA

templait la nuit, toute scintillante d’étoiles ; soudain, l’une d’elles glissa dans la voûte bleue et se perdit au fond de l’immensité inconnue.

La jeune fille la compara à son amour. Et résignée, elle songea : « La vue de cet astre m’a réjouie un instant ; mais il ne m’avait pas demandé de l’admirer, et je n’ai point le droit de lui demander de demeurer pour le plaisir de mes yeux. »

Cette sagesse résignée peut paraître extraordinaire, chez une petite Iroquoise de dix-sept ans, amoureuse d’un beau capitaine européen, qui passait indifférent et si préoccupé de son amour pour une autre, qu’il n’avait pas même considéré les raisons du dévouement de cette enfant sauvage. Cependant, il y avait des fruits précoces et savoureux, dans la luxuriante végétation canadienne ; il y avait aussi des âmes belles et hautes chez les peuples primitifs.

Kahita était un fruit précoce, Kahita était une âme saine.