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KAHITA

veux de l’Anglais, et de son couteau, traça une ligne sanglante sur le front blanc du blessé évanoui. La pauvre enfant recula, affolée de douleur, et prompte comme l’éclair, saisit le poignard qu’elle portait à sa ceinture, puis de la force de ses deux bras, l’enfonça dans le cou de son compatriote. Il poussa un cri de bête fauve, tourna sur lui-même et tomba auprès de sa victime.

Kahita repoussa le cadavre du pied, et déroulant le long ruban de peau de daim, orné de broderie qu’elle portait autour de sa taille, elle en fit une bretelle, la passa sous les épaules et les bras de l’Anglais et, de cette manière, le traîna sur une longue distance, vers la rivière, en évitant les heurts et les secousses.

Quand elle se crut en sûreté, la jeune fille s’arrêta, lava les blessures de son ami et les pansa du mieux qu’elle put ; puis, prenant la gourde du militaire, elle versa quelques gouttes de rhum entre ses lèvres exsangues.