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CONTES ET NOUVELLES

sistait toujours l’incurable tristesse de la patrie usurpée et le ressentiment, inavoué mais persistant, contre l’envahisseur.

C’est pour cela, sans doute, qu’à la nouvelle du danger que couraient les Anglais, Kahita fut seule, dans sa tribu, qui se sentît réellement et profondément troublée.

Elle connaissait l’horreur de la guerre et trembla pour son ami.

Sans rien dire de son projet, elle résolut d’aller à Chouagen, afin d’avertir le commandant de l’approche des Français.

Le soir même, Kahita partit, seule dans une pirogue, se dirigeant vers Chouagen, où elle espérait devancer les Français.

Toute la nuit, la brave fille pagaya, l’œil et l’oreille au guet, glissant silencieusement sur les flots, que la nuit sans lune couvrait de ténèbres propices à ses projets.

Ce fut au moment le plus tumultueux