Page:Montreuil - Cœur de Rose et Fleur de Sang, 1926.pdf/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
CONTES ET NOUVELLES

— « C’est toute mon histoire, que vous me demandez là, répliqua l’inconnu, sans aigreur. Eh bien, je vais vous la dire. Il n’est guère amusant de parler de soi, quand on n’a que de tristes choses à raconter. Cependant, j’ai compris immédiatement que vous êtes un honnête homme et je n’aurai point de secret pour vous.

« Cet or, monsieur, vous pouvez l’accepter sans scrupule, car il est bien à moi. Je l’ai gagné de mes mains devenues calleuses au travail. Ah ! elles n’ont pas toujours été ainsi, mes mains ; pendant longtemps, elles furent douces et oisives, et elles s’ouvraient généreusement pour les nombreux amis qui, chaque jour, les pressaient dans des protestations hypocrites d’affection.

« Ah ! oui, » appuya-t-il, avec un éclat de rire amer, « Josuah Nelton avait des amis, ils étaient légions. »

À ce nom de Nelton, le pasteur et sa femme échangèrent un regard étonné.