Page:Montreuil - Cœur de Rose et Fleur de Sang, 1926.pdf/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
CONTES ET NOUVELLES

cependant, elle tourna vers lui son visage, où le chagrin avait mis une empreinte douloureuse et tragique. Sans faire attention à la jeune fille, Le Destin se jeta à genoux auprès du grabat de Le Brochet et se penchant à son oreille, il dit presque bas : « Le Brochet veut-il donner, à celui qu’il a aimé comme son fils, une preuve suprême d’affection ?… Qu’il dise le nom de ma sœur. »

Reconnaissant sa voix, le mourant ouvrit les yeux et ses lèvres remuèrent.

À ce moment, un éclair de haine féroce passa dans les prunelles de la Sauvagesse et, prompte comme la foudre, elle posa lourdement sa main sur la bouche du moribond, en criant avec rage : « Ne parle pas, ne parle pas, je ne veux point. Le Destin a ravagé le rêve de ma vie, il a dédaigné l’amour de ta fille, et quand tu vas mourir et la laisser seule avec sa douleur, c’est à toi qu’il ose demander d’assurer son bonheur, en dissipant le doute douloureux qui afflige