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CONTES ET NOUVELLES

Arrachés si jeunes à leur famille et élevés à la mode indigène, ces pauvrets s’assimilèrent si bien les mœurs et les coutumes des Sauvages, qu’à seize ans Cœur de Rose et Fleur de Sang ne se distinguaient des filles abénaquises que par la blancheur de leur peau et leurs cheveux dorés. Quant à Le Destin, il était devenu, à dix-huit ans, un jeune homme habile à tous les jeux en honneur dans la nation, et son père adoptif en était aussi fier que si le même sang eut coulé dans leurs veines.

Mais un Jésuite, établi dans la nation, s’était efforcé de conserver aux jeunes prisonniers leur langue maternelle.

Willie Asborn avait été donné à un chef qui avait une fille mais pas de fils. Ce chef s’appelait Le Brochet et sa fille, La Brise. Elle était bien nommée, car son caractère impétueux était variable comme le vent.

La Brise avait, dès le début, voué à son frère d’adoption une tendresse véhé-