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SOUVENIRS

mie française, préoccupé que j’étais du sort de mon discours !

Je parlais le dernier. J’écoutai avec une sorte d’attention complice l’éloge que fit Gustave Charlier de l’œuvre touffue de Salverda de Grave et la réponse nuancée de celui-ci.

Puis, mon parrain — M. Carton de Wiart — prit la parole.

C’est la deuxième fois que je vous rencontre, me dit-il, et jusqu’à cette inoubliable soirée où la population de Montréal, en 1914, acclamait au Monument National notre Délégation belge, j’ignorais votre nom. Vous avez, dans un discours, exalté la Belgique, ses vieilles villes, sa puissance économique, sa fidélité à l’art et sa glorieuse résistance à l’envahisseur. Nous étions loin de l’accueil teinté de réserve que nous venions de recevoir aux États-Unis. Comment oublier l’enveloppante sympathie de votre peuple !

Le lendemain, nous reprenions le chemin de notre patrie. À bord du transatlantique, nous coudoyions vos soldats qui allaient défendre notre sol avec tant de vaillance et que je devais rencontrer souvent au cours de la tourmente. Nous constations aussi combien le Canada français manifestait d’ingénieuse sympathie à l’égard de la Belgique si profondément touchée par la guerre ; avec quel empressement il se portait à son aide.

Aussi lorsqu’il s’agit pour notre Académie, jeune de quelques années à peine, de désigner selon ses statuts des membres étrangers, elle vous confia de représenter dans son sein le Canada français. « Et il y avait, je puis bien le dire, une bonne dose de reconnaissance dans ce choix ».

Cette confidence amorçait des paroles sympathiques que M. Carton de Wiart, après avoir énu-