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SOUVENIRS

des traits qui l’apparentent. Il s’est beaucoup moins livré aux influences américaines : moins d appartements nouveau genre, moins d’ampoules électriques, moins d’excentricités. Il est sérieux et courtois ; gouailleur envers les siens, sans moquerie pour l’étranger. Il est par là voisin du provincial français. Pratique aussi, et convaincu de l’excellence de l’école. Louvain rebâtit sa bibliothèque avec des rappels de l’architecture locale : superbe monument qui sera réservé à la documentation internationale. L’Université de Bruxelles se renouvelle. Elle construit sur un terrain que lui céda la ville des bâtisses que je visite longuement. Le corps central est de style flamand, brique et pierre que le temps patinera. L’arrière, réservé aux sciences, a le caractère trop prononcé d’une usine.

Je donne mon cours rue des Sols, dans un très ancien immeuble, sombre et froid, mais qui ne m étonne pas parce que j’ai l’habitude de ces décors trop vieux que l’on va bientôt quitter. L’auditoire paraît s’intéresser surtout au progrès économique et politique de notre pays, moins à ses luttes d’ordre national.

Grâce à M. Langlois, j’ai le plaisir d’entendre Léon Daudet. Il parle dans un théâtre, sur Victor Hugo. Trois coups précèdent son entrée. Une verve étonnante, avec une inépuisable réserve de coups de boutoir.

Je reviens en France. La période bouleversée qui suivit la guerre s’achève. Je trouve le Français au travail, ardemment. Si Paris est livré aux étrangers, son fonds français, refoulé souvent vers la banlieue, est sérieux et posé. Plus de crispation. Une volonté très nette de rétablissement.

Je ne touche guère qu’à la vie extérieure, rete-