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qui arrive, il s’en trouve pour admirer en lui l’homme d’affaires.

Prenons-nous même la peine de penser à tout cela ? Nous sommes-nous posé la question de l’art ? Seuls, quelques initiés s’attendrissent sur notre pénurie ; déplorent que l’on rase nos plus chères architectures pour y substituer le vide d’une rue ; lamentent les escaliers qui conduisent par l’extérieur à l’étage de nos maisons ; honnissent les réductions de monuments que l’on a plantés sur notre sol étonné ; pleurent sur l’indifférence de la foule pour les manifestations à caractère artistique ; et finissent par dire, sans en rien croire : sale pays ! Mouvement d’une humeur attristée. Ils ajoutent, en guise de consolation, que nous possédons quelques œuvres : à Notre-Dame de Lourdes, pure pensée d’artiste, s’ajoute la chapelle du Séminaire de théologie ; à la Banque de Montréal, un peu parvenue au milieu de nos indigences, se joignent nos écoles nouvelles et nos bibliothèques ; sur nos places, les statues se multiplient, et des morts attendent d’y paraître. On conclut, avec une demi satisfaction : « Telle chose n’est pas mal, mais… » C’est déjà quelque chose.