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SOUVENIRS

prendre garde à ma foi. Elle n’a, Dieu merci ! jamais été en péril. Ma formation m’a protégé par l’habitude qu’elle m’avait donnée des disciplines essentielles.

Je rends aussi visite à l’abbé de Foville, rue de Vaugirard, à la Maison Saint-Jean. Je lui dis que je l’ai connu au Collège de Montréal. Il me regarde attentivement ; mais comment se serait-il souvenu du petit bonhomme que j’étais lorsqu’il longeait, déjà courbé, et la tête toute blanche, les corridors du Petit Séminaire ? Pour moi, c’était autre chose : nous avions l’habitude de sa figure austère, ornée de fortes lunettes, et de son trottinement méditatif. Au seul mot : Canada, il s’éveille au souvenir de notre pays qu’il avait quitté à regret.

Je lui explique l’objet de ma visite, mon espoir d’entrer à l’École des Sciences politiques. Je lui ouvre mes pauvres rêves d’étudiant. Il m’encourage d’une parole douce, presque timide, et me remet un mot pour son frère, Alfred de Foville, ancien directeur de la Monnaie et professeur d’Écono-