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LE CULTE DE L’INCOMPÉTENCE

furent désignés, qui élisaient à leur tour les bergers. C’est ce que M. Faguet appelle joliment « la compétence par collation ». Il ajoute « qu’elle n’a pas le sens commun », encore que, par certains côtés, elle puisse se défendre. C’est un système de double confiance. La foule, encore modeste, redoute l’action directe. Elle fait appel à une élite et croit que cette élite fera de même lorsqu’elle choisira les chefs. Rien ne garantit que cet espoir se réalise. Mais pareille méthode donne l’illusion d’une sécurité plus grande et paraît avoir plus d’efficace. Qui ne voit pourtant que la question demeure entière : la foule élira-t-elle des compétents ? La chose est fort douteuse ; elle pourrait se produire une fois sur dix, plus même une fois sur cent, mais elle est fort douteuse. Il y a des chances pour que le peuple se montre plus circonspect, ayant à choisir ceux à qui il délègue d’agir suivant la sagesse qu’il se croit. Problème de psychologie des foules. Mais la compétence ne saurait s’établir par le fait seul de la collation. Décidément, cela paraît bien évident. Le degré ne fait rien à l’affaire.



Voyons un peu le second système : la masse élisant du premier coup ses maîtres. Pendant un temps, la nation est sans édiles. C’est la période