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LA TRADITION FRANÇAISE

en soit, les nations ont tour à tour confié à d’autres, puis à elles-mêmes, le soin de la chose publique. Il faut faire cette constatation, amère ou plaisante suivant notre philosophie, que partout il y a des gouvernements.

Jadis, chez les Pingouins, et même plus tard, il existait des aristocraties. Le pouvoir était dans les mains du petit nombre ou d’un seul. La volonté du roi, qui savait garder ses bottes et faire claquer son fouet, demeurait la règle de tous. Le peuple pratiquait l’obéissance et souvent la pauvreté. Il en prit de l’humeur et décida de modifier son état. Il brisa les trônes, objets de luxe. Il se donna l’autorité ; mais, ne pouvant s’en revêtir en toute occasion, il en délégua l’exercice à des hommes de son choix que l’on appelle, depuis ce moment, députés. On disait autrefois avec grâce : être l’élu de quelqu’un. Ce mot a perdu de sa discrétion. Les députés sont les élus du peuple, en ce sens plus terre à terre qu’ils en sont les bergers. Il y a une nuance.

Avant d’arrêter le mode définitif de sa représentation souveraine, le peuple s’y prit par deux fois. Il eut recours à deux systèmes et procéda par étapes. Il abandonna d’abord à des délégués de nommer les mandataires suprêmes. Une première sélection s’opérant par le suffrage populaire, des hommes que l’on considérait plus aptes que la masse