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mais sa jeunesse avait vite oublié et, depuis longtemps, il ne savait plus prier. Cependant l’amitié qu’il blasphémait devait le secourir. Un jour de carnaval, alors que sa tristesse puisait un aliment de plus dans des fêtes qu’elle ne pouvait goûter et s’augmentait ainsi de toutes les réjouissances publiques, il alla voir son ami de toujours, Gustave Olivier. Celui-ci lui conseilla de quitter, de fuir Paris, pour aller n’importe où, à Rome, à Constantinople, ailleurs. Il accepta. Après avoir assuré l’avenir de ses sœurs, « des petites », comme il les appelle, il partit pour l’Italie, chargé d’une mission vague.

Rome le séduit et le retient. Il y entend la parole divine. Peu de temps après son arrivée, il se fait chrétien. Sa conversion fut prompte, mais décisive et féconde. « J’ai passé ma vie à forger des armes », dira-t-il plus tard : cette fois il forge l’arme de sa vie. La religion ne lui apporte pas tout de suite l’apaisement qu’il en attendait peut-être. Le passé n’est pas sitôt vaincu ; mais sa croyance le console et le guide. Elle trempe sa résistance et stimule ses résolutions. Il écrit à son frère : « Ce que j’ai abandonné avec plus de facilité me devient cher ; je n’avais rien couvert de mon mépris, de mon dégoût, qui ne réapparaisse avec une sorte d’attrait, maintenant que j’y ai renoncé. C’est un des plus curieux, mais aussi