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qui s’épuise dans le néant des grandeurs. Il agit et il souffre. À peine a-t-il connu, à peine a-t-il touché ce qu’il rêvait d’atteindre, qu’aussitôt le réel le détourne vers un autre rêve. L’ambition le déçoit, et, de sa déception même, naît une ambition nouvelle : rien ne peut calmer l’avidité de son âme. Tout lui est désir et lassitude. Dans son cœur, possession et dégoût se suivent, s’unissent. À ce jeu cruel que n’a-t-il pas sacrifié ? Il a tout perdu. Il reste seul, sur des ruines. Et c’est seulement sur un livre de méditation qu’il trouve enfin, épuisé, la vérité de cette parole : la paix, c’est l’accord avec soi. Serait-ce là le bonheur : la paix, ce mot qui monte comme un soupir de la tombe de son petit Paul ? La paix intérieure par la discipline de la volonté, l’acceptation de l’ordre, l’amour des autres, le repos de la conscience, la suprême ressource de la foi ? Ainsi pensait Henry du Roure. Il prêchait l’amer bonheur du renoncement, ayant conscience d’apporter à la jeunesse française une raison d’espérer.

Il y a quelques semaines, parlant de la France nouvelle, André Beaunier comparaît les aspirations d’hier aux résultats d’aujourd’hui. Le fait brutal s’est imposé qui a entraîné toutes les énergies. Il fallait défendre la France attaquée. Pacifistes et