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ressembler davantage aux soldats de la légende. » Dans une lettre de douloureuse et fière résignation, son père nous a fait le récit de ses derniers instants : « Il était parti pour l’armée avec la résolution inébranlable d’être un modèle d’endurance et de courage. Assez délicat de tempérament, épuisé par les longues marches, par le manque de sommeil, il répondait à son capitaine, qui lui conseillait de demander quelques jours de repos : « Je suis sergent, je dois donner l’exemple : je tiendrai jusqu’à ce que je tombe. » Un de ses officiers m’écrivait : « Constamment sur la brèche, il se dévouait pour tous ; toujours le premier à marcher, il entraînait les autres de la voix et de l’exemple. Aux heures de lassitude et de découragement, j’ai été souvent heureux de pouvoir causer avec lui : il m’a toujours donné du cœur et remonté le moral… J’en conserve un impérissable souvenir. » Atteint de trois blessures, au bras, à la jambe et à la tête, il refusa l’assistance d’un caporal, qui voulait l’aider à se transporter à l’arrière, et il tomba enfin, frappé d’une balle en plein cœur. Peu de temps avant, il avait retrouvé, sous l’uniforme de brancardier, un Père dominicain qu’il connaissait ; et il avait pu recevoir les sacrements. Ses camarades l’ont pieusement inhumé à la place même où il est tombé ; c’est là que j’irai chercher ses restes, après la fin des hostilités. »… Admirable France