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responsabilité. Ce sont les fiancés de la Patrie. Apprentis d’un métier glorieux, ils vont connaître la grande discipline des armes, l’égalité que le devoir impose et que la volonté accepte. Ils sont grandis, ils sont des hommes, ils sont soldats. Henry du Roure en fait un dessin charmant, comme un artiste amusé brosse une pochade avec un souvenir :

« Ils arrivent un matin d’octobre, las, inquiets et tristes.

« Il y en a qui viennent de loin, et qui ont passé toute la nuit en wagon, parmi les rires et les cris, pressés contre des inconnus, tristes comme eux, et qui chantaient. À l’arrivée, on les a conduits de la gare à la caserne, en troupeau.

« Il y en a qui sont venus tout seuls. Avec des ruses enfantines, ils ont échappé, pour gagner une heure, au terrible adjudant qui surveillait les billets militaires…

« Qu’importent leurs noms, leurs visages, et leurs pensées ?… Ils sont la classe. Ils sont les bleus, ahuris et tondus.

« Ils errent dans les rues moroses, et leur valise les désigne aux regards, parfois aux lazzi, des gamins… Ils vont, par une rue longue et fatale. Et c’est, après un tournant, la caserne.

« Encore un moment, de grâce !… crie en eux quelque chose qui pleure et qui supplie. Et leurs