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LA TRADITION FRANÇAISE

En ces temps d’impérialisme, où l’on invente, — sans vouloir faire un mauvais calembour — tous ces mots en « pan » dont celui-ci, particulièrement horrible, « panaméricanisme », en ces temps de colonisation intense, de rayonnement et de pénétration, il faut que la France se souvienne qu’elle possède ici une colonie qui ne lui coûte rien ; qu’elle nous prête des moyens nouveaux de lutter pour elle en aidant à notre organisation économique. Ceux que ces problèmes préoccupent me comprendront. Assez longtemps nous avons gémi sur les arpents de neige, pensons un peu aux arpents de blé qui lèveront en idées et en vertus françaises.

Alors, peut-être que le doute, rançon de toutes les nobles causes, disparaîtra de notre pensée. Je garde du moins cette espérance. C’était en juillet 1909. Je revenais de France, le cœur rempli de souvenir. Nous entrions chez nous par le golfe Saint-Laurent, une route royale. Le navire était en fête : c’était le concert accoutumé. J’étais seul sur le pont et j’écoutais les premiers accords de la Marseillaise monter dans le silence. Au même moment, le soleil disparaissant à l’horizon projeta sur l’immensité bleue deux larges banderoles superposées, dont l’une blanche, et l’autre rouge Et je garderai toujours dans les yeux cette impression magnifique d’avoir vu, le soir d’un beau jour, mon pays se reposer dans la majesté des trois couleurs.