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LA FEMME ET L’ENSEIGNEMENT

à vingt ans, et nous lui avons donné nos meilleures années, nos premières pâleurs. Je le conçois et je ne blâme pas. On ne parle plus le grec : c’est peut-être une raison pour qu’on l’oublie sans trop l’avoir jamais su. Nous citons volontiers les bribes qui nous en restent et il m’est arrivé souvent d’entendre des camarades se faire une joie de redire des mots de l’Anthologie qui demeurent, au fond de la mémoire, un peu comme des fossiles de l’âge primaire. Du grec, du latin, de l’histoire, de la littérature, de la philosophie que nous reste-t-il une fois que les années ont passé ? Et pourtant que d’ouvrages nous avons ouverts et crayonnés. Quelle émotion vaut celle que l’on éprouve à découvrir, sous la poussière, en cherchant autre chose, un livre de jeunesse dont les marges disent nos insouciances d’alors, irrespectueuses des choses graves du texte. Quel sourire un peu attristé à découvrir, auprès du verbe des anciens, nos premiers et naïfs essais de dessin linéaire. Cela comporte une suprême leçon : une part de notre vie nous échappe qu’à vingt ans nous avons déjà perdue.

Vous n’avez pas voulu qu’il en fût ainsi. Vous avez eu la dure curiosité de la science. Sans doute vous n’étiez pas faites pour rêver d’autre chose et de plus frivole, mais vous avez su volontairement renoncer à d’autres attraits. Vous avez voulu affermir les premiers principes, le « savoir en ger-