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AU PAYS DE LA DÉCOUVERTE

et ne manquera pas d’ajouter que treize mille Acadiens, treize mille Français, y habitent. Consentira-t-elle à reconnaître que, parmi la régression générale, ce nombre augmente et qu’il est comme agrippé au nord, là même où toucha Jacques Cartier ? Peut-être. L’invitation transmise au Comité national de France ne contient-elle pas ces mots : « Vos compatriotes seraient ravis de vous voir ! »

Le terre se dérobe de nouveau ; nous naviguons dans une mer truquée. On comprend, devant la porte large ouverte de la Baie des Chaleurs, que Cartier s’y soit engagé pour chercher le fameux « passaige » vers les Indes. Il a jeté un nom sur une pointe de l’Île Miscou : le cap Espérance. Il a fallu des années à cette espérance pour se réaliser, mais elle s’est réalisée. Des hommes parlant la langue de Cartier ont atteint le Pacifique.

Longera-t-on l’Île Bonaventure pour, d’un coup de sirène, agiter des milliers d’oiseaux — spectacle qui faisait la joie du découvreur ? Verrons-nous les falaises gothiques de Percé, son décor wagnérien ? — À coup sûr, nous toucherons Gaspé.

Retour de la destinée ; pour nous, le pèlerinage Cartier, c’est Saint-Malo, Paramé, Limoëlou ; pour un Français, c’est Gaspé. Là, en juillet 1534, le malouin éleva une croix portant un « escripteau en boys, engravé en grosse lettre de forme où il y avait : vive le roy de france ». Le bois est tombé depuis longtemps ; le manuscrit porte encore ces majuscules.