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À LA MAISON DE L’ANCÊTRE

bien conduite, utilisée à bon escient, peut être la source de bien des libertés morales.

Voyez comment Gérin-Lajoie dépeint ce type de prêtre qu’il s’est plu à esquisser : « Le jeune curé possédait une intelligence à la hauteur de celle de Jean Rivard, et, quoiqu’il fût d’une grande piété et que ses devoirs de prêtre l’occupassent plus que tout le reste, il se faisait un devoir d’étudier avec soin tout ce qui pouvait influer sur la condition matérielle des peuples dont les besoins spirituels lui étaient confiés. Il comprenait parfaitement tout ce que peuvent produire, dans l’intérêt de la morale et de la civilisation bien entendue, le travail intelligent, éclairé, l’aisance plus générale, une industrie plus perfectionnée, l’instruction pratique, le zèle pour toutes les améliorations utiles, et ne croyait pas indigne de son ministère d’encourager chez ses ouailles ces utiles tendances, chaque fois que l’occasion s’en présentait ».

En relisant Jean Rivard, j’ai retrouvé bien souvent les commencements de notre colonisation française au Canada : les détails évoquent les actes de nos ancêtres, reconstruisent des scènes semblables à celles que nos pères ont vécues sur les rives du grand fleuve. Le curé Doucet nous reporte, lui aussi, à ces temps éloignés : il est de la lignée des missionnaires qui desservaient des lieues de forêt et parcouraient le pays en quête de cœurs à fortifier. La collaboration qu’il apporte à Jean Rivard dans le domaine temporel est bien de jadis. La tradition se renoue et les grandes vérités se prolongent : à côté de l’idée de