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ANGLAIS — FRANÇAIS

« débrouillardise ». Le Français invente des tas de choses que le monde finit, on le sait de reste, par exploiter à sa place. Dans les arts de la paix et de la guerre, il déploie son génie créateur avec une facilité qui a fait croire à de l’improvisation. La France sans l’individualisme ne serait plus la France. Et cet individualisme produit autant que l’utilitarisme anglais ; car il ne faudrait pas croire, par manie de symétrie, que l’Anglais seul possède le secret de l’action et que le Français se contente de spéculation et de rêverie. Sans bruit, le Français à tout de même lancé la Normandie qui dépasse en puissance et en beauté les autres navires. Même dans les sports, le Français qui veut s’y mettre remporte des victoires qui, selon une boutade célèbre, valent, au regard anglo-saxon, celle de la Marne. Mais il va de soi qu’un tel être tient à son opinion, à son indépendance, même à sa « guenille ». Il s’en explique d’ailleurs avec franchise et non sans fougue. Il se plie mal à la contrainte. Il veut une « marge » de liberté qui lui laisse l’illusion d’obéir de son gré aux exigences sociales. De là un civisme moindre, qui existe, pourtant, quoi qu’on en dise, puisqu’il prend l’allure suprême de l’héroïsme sitôt le pays attaqué, mais qui se cabre lorsqu’on exige de lui le sacrifice d’une habitude qu’il croit légitime.

Pénétrons dans la Chambre française. Le spectacle est bien différent de celui que nous offrent les Communes britanniques. Je laisse la parole à Madariaga qui évoque avec une complaisance toute espagnole l’attaque vigoureuse des grands jours. Nous verrons, de la sorte, si notre Parlement pro-