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LE FRONT CONTRE LA VITRE

tout, pourvu qu’on en fasse, sous une forme ou sous une autre.

L’histoire du Canada, ramassée dans un manuel, est difficile à apprendre et à retenir. Elle est peut-être une des choses que l’on oublie le plus vite. Si l’on y revient plus tard, elle intéresse mais on a peine encore à en saisir le détail. C’est qu’elle est construite sur le sable ; j’entends : le plus souvent, sur des faits d’ordre administratif, et qui n’ont guère plus de consistance qu’une date. Et c’est sans doute pour cela qu’on l’ignore, généralement.

Il faudrait la simplifier et l’amplifier tout à la fois, afin d’en tirer les idées générales propres à notre conduite.

On la simplifiera en la ramenant à des synthèses.

On conseille d’apprendre l’histoire aux enfants à l’aide de tableaux attrayants, propices au jeu de l’imagination. Pourquoi pas aussi aux grands enfants que nous demeurons tous ? Supprimer des dates, laisser tomber des faits d’intérêt secondaire, pour s’en tenir aux grands mouvements. Ne sont-ils pas les vrais éléments de la culture ? Ne subsistent-ils pas comme des levains, quand tout le reste a disparu ? Les découvertes, la colonisation, les résistances, les organismes, voilà tout l’ancien régime. Qui posséderait la Naissance d’une Race de l’abbé Lionel Groulx en saurait assez pour vivre avec intensité la vie canadienne.

On amplifiera l’histoire en donnant de la couleur à ces tableaux de civilisation. Peindre à grands