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LE FRONT CONTRE LA VITRE

concentriques » qui entourent l’individu, suivant le mot d’un auteur américain.

Qu’est-ce, en définitive, sinon expliquer le rouage de nos institutions ? Et surtout, pas de sécheresse : de la vie, du réel. Le monde est là, tout à côté : il s’agite autour de l’école. On n’a qu’à ouvrir la fenêtre pour en percevoir la palpitation et c’est la vie qui est la meilleure leçon puisqu’elle est le souffle même de la nation, de la société, la grande et la petite, la lointaine et l’immédiate.

J’ai parcouru des manuels de civisme, tristes comme la mort, secs, pressés de leur substance. Ils me rappelaient les cours d’histoire criblés de dates, de batailles et de combinaisons politiques ; les traités de géographie où s’alignent les fleuves, les montagnes, les lacs et les villes, et les interminables listes des produits locaux, comme on les appelle. Autant apprendre les noms des rues et des ruelles de Montréal.

Le civisme, c’est une autre affaire. C’est la raison profonde et actuelle de la civilité, c’est le déterminant, la source de la volonté altruiste, le secret de l’humanité. Tout doit servir à le faire naître. Quelles leçons le professeur, s’il sait s’y prendre, ne tirera-t-il pas de phrases comme celles-ci : En 1608, Champlain fonda Québec ; le gouverneur général du Canada ouvrira les séances du Parlement avec l’habituel cérémonial ; la paroisse nous a gardés ; la famille est notre cellule sociale ; l’école est notre premier guide ; l’impôt est nécessaire ; nous vivons d’un capital intellectuel accumulé par des générations ; — que sais-je encore ?