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LE FRONT CONTRE LA VITRE

l’impressionnant silence de l’apathie générale, quand ce n’est pas au milieu d’une hostilité qui met à se manifester une rare ingéniosité.

Est-il possible de corriger un défaut si déplorable ou, en d’autres termes, de former des citoyens, conscients de leur rôle, au courant de leurs devoirs, ardents pour le bien de tous ?

Cela revient à se demander comment apprendre la civilité ou, ainsi que l’on dit aujourd’hui, le civisme.

On peut utiliser l’enseignement pour inculquer le devoir social, pour en nourrir la volonté, en éclairer l’esprit. Brunetière disait : « En vain changerez-vous les lois, si vous n’avez pas changé les cœurs, vous n’avez rien fait ». Combien il avait raison ! Les lois, dans le domaine moral, risquent de demeurer lettre morte ; les principes qu’elles posent, les attitudes qu’elles commandent, les devoirs qu’elles dictent, ne seront acceptés vraiment que si les volontés sont entraînées et les intelligences préparées. Il en est ainsi de l’enseignement qui néglige le caractère et oublie les sources d’action. Dirigé vers la patrie, son passé, son avenir, sa constitution, ses forces vives, il serait transformé.

C’est la thèse que j’ai tenté de soutenir devant le Congrès des universités de l’Empire, en 1921. Je plaidai la valeur sociale de la formation générale donnée dans nos collèges classiques. Je ne dis pas que la fonction sociale soit assurée par la seule culture générale et nécessairement ; je dis qu’on l’en fera naître si l’on veut s’en donner la peine. Si je viens