Page:Montifaud - Les devoyes.pdf/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

346
LES DÉVOYÉS

épiant le consummatum est de sa destinée heureuse ? — Quel cerveau, parmi ceux de ces frêles Parisiennes, se serait révélé assez vaste pour arriver à la conception d’une telle audace de dénouement ? la plus résolue n’eût-elle pas vu sa fièvre de volonté s’affaisser en elle à l’idée d’affronter si effroyable spectacle ? Elle restait décidée à tout accomplir jusqu’à la fin, la superstitueuse femme. Dans son teint de bohémienne, jauni en deux mois, les violences grondantes de sa passion ondèrent encore une fois sur les surfaces de son être ; les derniers débordements de ses heures de souffrance lui cuisaient aux joues cette nuance, ce masque basané qui témoignait de leur force irrécusable, et ridaient ses paupières trop précocement lasses. On eût dit qu’en se décidant enfin à rompre son immobilité, toutes les incandescences de l’amour la fouettaient de nouveau ; et, quand les flammes eurent achevé de consumer le corps, elle s’approcha, sous l’effort d’une impulsion suprême, essayant de toucher de ses mains égarées les cendres encore ardentes…


FIN



Paris. — Typ. Collombon et Brûlé, rue de l’Abbaye, 22.