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représente sous les traits d’un jeune garcon, d’un poëte enfant, qui vous charme par son ardeur et son étourderie. Le vêtement masculin qu’elle prend pour ses courses, aide encore à l’illusion. Ce qui lui fait aimer le bien, c’est le sublime instinct d’artiste qui vous met au cœur une vague inquiétude de ce qu’on sent plus haut que soi. Mais elle ne le rêvera que comme un des effets du parachèvement de l’ordre social. Elle a l’inquiétude du vrai plutôt que la passion ; la curiosité du beau, plutôt que l’amour ; l’attrait du mouvement qui fait que l’on s’y précipite tête baissée, et non le sentiment d’harmonie qui rétablit l’accord ou l’équilibre entre les hommes et les choses lorsqu’il est rompu. L’inconnu exerce sur elle une fascination continuelle ; mais ce n’est plus avec la certitude que l’inconnu lui cache une loi ou un secret, c’est sous l’attraction que le vide exerce sur l’esprit du penseur,

Dans ses paysanneries et ses romans, George Sand a-t-elle vu dans la nature autre chose que ce qu’on y peut voir, c’est-à-dire la splendide enveloppe mortuaire de l’homme ? Non sans doute ; les étoiles ne sont que les clous scintillants qui servent à murer les