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pleuré à ses pieds, elle les a essuyés de ses cheveux ! Où peut-on rencontrer encore une fois le divin Jésus ? si quelqu’un le sait, qu’il me le dise, j’y courrai… Croit-on que si je l’avais connu, j’aurais été une pécheresse ? Est-ce que ce sont les sens qui entraînent ? Non, c’est la soif de toute autre chose ; c’est la rage de trouver l’amour vrai qui appelle et fuit toujours. Que l’on nous envoie des saints et nous serons bien vite des saintes. Qu’on me donne un souvenir comme celui que cette pleureuse emporta au désert, je vivrai au désert comme elle, je pleurerai mon bien-aimé et je ne m’ennuierai pas. »

C’est dans ce langage de feu que se révèle Marie Dorval, « âme troublée et toujours ardente, » dont les effusions mystiques cachaient l’étoffe d’une sainte, trouvant dans son cœur, et son organisation si fortement individuelle, si originale, de quoi sortir du fictif et du convenu. Elle enfante des personnalités d’un sentiment tout moderne ou l’âme a le véritable don créateur : Adèle, Marguerite, Jeanne Vaubernier, Marion Delorme. Imagination active qui se torture parfois elle-même et dévore la distance pour aller au devant des évènements qui peuvent l’atteindre, plaçant