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rieux sensible pour lui seul. » Jules Sandeau la compara à la plume qui ornait son chapeau, d’une aile si brisée, si flexible, qu’on l’aurait crue introuvable. « Je suis sûr, disait-il, qu’on chercherait vainement dans l’univers une plume aussi légère et aussi molle que celle qu’elle a trouvée ; cette plume unique et merveilleuse a volé vers elle par la loi des affinités. » Parmi les poses plastiques, certaines attitudes inclinées révélant l’accablement, seront pour elle l’objet de longues méditations. La ligne souple et si romantique de la Magdeleine de Canova était aussi la source de ses études profondes.

Lorsque ce n’est pas la pose qui la préoccupe, c’est l’énigme historique de l’amante, de cette galiléenne qui emporte son amour au désert afin de ne point le profaner parmi les hommes. « Je passe des heures à regarder cette femme qui pleure, si c’est du repentir d’avoir vécu ou du regret de ne plus vivre… À présent, je l’interroge comme une idée. Tantôt elle m’impatiente et je voudrais la pousser pour la forcer de se relever, tantôt elle m’épouvante et j’ai peur d’être brisée aussi sans retour. Cette Magdeleine ! elle l’a vu, elle l’a touché son beau rêve ! elle a