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prononcé, mène à l’autel la pudique Mary. Tous ses camarades sont furieux et prétendent qu’ils ne lui parleront plus.

Bertrand vient me conter ses tourments : hier soir, il était à sa troisième bourrade de la journée sur ce mariage qu’on veut qu’il empêche et dont on le rend responsable en l’accusant d’en être la cause. Sa femme joue, en ceci, son rôle accoutumé, et moi qui ne m’en mêle pas, je ris sous cape de ces scènes ridicules qui, heureusement, se passent dans l’ombre.

Il en sera en ceci comme en toutes choses ; il n’y a que le premier pas qui coûte et, avant la fin de l’année, ils seront tous mariés. Noverras et Joséphine se disent toujours les gens les plus heureux du monde ; elle vient, régulièrement veiller à mon linge et donne tous les jours son coup d’œil chez toi.

Si tu revenais, tu trouverais chaque chose à la place où tu l’as laissée, même un pied de bonnet sur la fenêtre et un soulier bleu sur ma table.

J’ai passé mes journées sur ton canapé, mes livres sur la petite table chinoise du pied de ton lit, sur ta fenêtre et sur celle du cabinet. Je fais le désespoir d’Aly : il prétend que j’ai plus de cent volumes, que je ne lui rends rien ; cela est vrai, mais je ne l’écoute pas.

Toujours point de travail. La lecture à la mode est l’Évangile, Bossuet, Massillon, Fléchier, Bourdaloue, etc.

Pour moi, je ne lis ni l’Evangile, ni Bossuet, ni