Page:Montholon - Souvenirs de Sainte-Hélène, 1901.pdf/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouvelle maison, rentrant par le corps de garde. À trois heures, je vais chez l’Empereur. Nous dînons à quatre heures et je reste chez lui jusqu’à ce que je l’aie endormi, en général, à huit heures ou huit heures et demie ; cependant, hier, la soirée s’est prolongée jusqu’à dix heures et demie, toujours à causer de choses que je voudrais bien pouvoir te raconter, mais que je ne puis écrire. Que d’anecdotes curieuses pour l’histoire, que de secrets seront ainsi perclus par le seul résultat de notre position ! Nous causions des douze lettres que Fouché vient de publier[1] : deux sont fausses, les autres plus ou moins refaites. Envoie-nous le plus possible tous les ouvrages de ce genre qui paraissent ; ils sont toujours pour moi une occasion de recueillir des détails du plus grand intérêt. Il m’est facile, en lisant avec lui ces brochures, de bien connaître la vérité, soit par sa critique, soit par ses observations, soit enfin par les expressions qui lui échappent à la lecture.

L’histoire de notre Révolution est encore couverte d’un voile si ténébreux, tant d’acteurs fameux jouent encore de si importants rôles, que je ne puis assez te dire l’intérêt que je prends à dévoiler pour moi-même tout ce mystère.

  1. Au commencement de l’année 1819, Fouché écrivit des lettres, rendues publiques, au comte Mole, au duc de Richelieu, à M. Dessoles, chef du nouveau Cabinet, au comte de Sceaux, a. Gaillard. Voir Fouché, par M. Madelin, t. II, p. 524. Plon, 1901.