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ainsi que mes pauvres enfants, de toute la force de mon âme. A toi, tout à toi, pour la vie.

CHARLES.





Longwood, ce 14 juillet 1810.


Rien de nouveau à Longwood depuis ton départ, ma bonne Albine, que le mariage de Joséphine, qui a été célébré avant-hier dimanche, dans ton parloir. Le soir, grand festin, où l’union la plus parfaite a régné — parmi tous les partis ; — les trois belles, la mariée, Esther, Mlle  Oile (?), paraissent les trois inséparables. On a bu aux unions réciproques. Aujourd’hui, tous ces ennemis mortels de quelques jours avant sont, à les entendre, des amis éternels. Tant mieux, tant mieux, si cela dure ; mais l’ennui, le malheur sont de terribles moteurs de discorde.

Pour continuer les caquets, j’ai été deux fois voir Mme  Bertrand depuis ton départ. Bertrand continue à se croire obligé de venir chez moi tous les jours une et même deux fois, la première pour savoir de mes nouvelles avant d’entrer chez l’Empereur, la seconde pour me raconter ce qu’ils ont dit ou fait pendant sa visite de dix heures du matin ; aussi, quand je le vois entrer chez moi, je sais qu’il est dix heures moins dix minutes ; quelle vie ! Toute ma matinée, je la passe à travailler ou à lire. À deux heures, je vais me promener sous ma tente ou à la