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IV

Portrait de Napoléon d’après lui-même.


Napoléon avait beaucoup d’amour-propre, une grande fierté intérieure. Caractère inflexible qui, une fois qu’il avait pris un parti, n’en changeait jamais. — Bon mathématicien. — Dans l’adolescence, morose et sombre, liseur de livres ; dès lors, tout annonçait en lui des qualités supérieures, un caractère prononcé, des méditations profondes, des conceptions fortes, de la sagacité dans le jugement. Ses amplifications étaient empreintes d’une bizarrerie qui le faisait appeler du granit chauffé au volcan. Il avait une instruction très étendue et il en faisait usage avec facilité, avec force, avec clarté.

À vingt ans, il était des plus instruits, pensant fortement et avec la logique la plus serrée. Son esprit était vif, prompt, sa parole énergique.

Il était partout remarqué et obtenait beaucoup de succès auprès des deux sexes, surtout auprès de celui qu’on préfère à cet âge. Il devait lui plaire par des idées neuves et fines, par des raisonnements audacieux. Les hommes devaient redouter sa logique et sa discussion, auxquelles la connaissance de sa propre force l’entraînait naturellement.

Dans sa jeunesse, il était fort gai, allant dans le monde et alerte. Son style était alors emphatique et