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enfant[1]. La religion ayant été l’objet de la conversation, sa figure nous montra une étrange surprise d’entendre nos regrets de nous trouver sans prêtre. Livré sans doute à la croyance vulgaire et au tas de sottises dont on nous environne sans cesse, il s’était attendu à se trouver parmi des renégats. Il lui échappa d’avouer qu’on lui avait dit et qu’il avait cru qu’à Madère, un prêtre s’était offert à nous, mais que nous l’avions repoussé en l’apostrophant grossièrement. Il fut bien surpris d’apprendre que si cette offre avait eu lieu, elle nous était demeurée étrangère. Profitant de cette circonstance, je priai l’ecclésiastique, après déjeuner, de vouloir bien passer chez moi, et là, je saisis cette occasion toute naturelle pour lui peindre la situation morale où nous nous trouvions. Nous avions des femmes, des enfants, sans parler de nous-mêmes, pour qui le manque des exercices religieux était une véritable privation. — On sait que cette grave lacune fut comblée ; des négociations furent entamées, par le cardinal Fesch, avec le Saint-Siège qui s’entremit auprès du cabinet britannique ; un aumônier fut envoyé à Sainte-Hélène. Pendant sa dernière maladie, Napoléon fut assisté par l’abbé Vignali.

  1. Le prêtre catholique renouvela ce sacrement sous condition — Du C.