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« Mais ma croyance s’est trouvée incertaine dès que j’ai raisonné ; peut-être croirai-je de nouveau aveuglément. Dieu le veuille ! Je n’y résiste assurément pas, je ne demande pas mieux ; je conçois que ce doit être un grand et vrai bonheur.

« Toutefois dans les grandes tempêtes, dans les suggestions accidentelles, l’absence de cette foi religieuse, je l’affirme, ne m’a jamais influencé en aucune manière, et je n’ai jamais douté de Dieu. Car si ma raison n’eût pas suffi pour le comprendre, mon intérieur ne l’adoptait pas moins. Mes nerfs étaient en sympathie avec ce sentiment.

« Lorsque je saisis le timon des affaires, j’avais déjà des idées arrêtées sur tous les grands principes ; j’avais pesé toute l’importance de la religion ; j’étais persuadé, et j’étais résolu de la rétablir ; mais on croirait difficilement les résistances que j’eus à vaincre pour ramener le catholicisme. C’est au point qu’au Conseil d’État, où j’eus grand’peine à faire adopter le Concordat, plusieurs ne se rendirent qu’en complotant d’y échapper : « Eh bien, se disaient-ils l’un à l’autre, faisons-nous protestants et cela ne nous regardera pas. »

« Il est sûr qu’étant donné le désordre auquel je succédais, je pouvais choisir entre le catholicisme et le protestantisme, et il est vrai de dire encore que les dispositions du moment poussaient toutes de ce côté. Mais outre que je tenais réellement à la religion de mon enfance, j’avais les plus hauts motifs pour me