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vent trompé ; mais je crois qu’il était naturellement plutôt trop confiant. Je sais qu’il était très impressionnable et qu’il revenait difficilement sur le premier jugement, favorable ou défavorable, qu’il avait porté. Sur le trône, où il n’avait pas les moyens ni le loisir de contrôler ses impressions, il devait s’en tenir à son idée première.

À Longwood, il a eu le temps de connaître ceux qui l’entouraient et il m’a souvent dit que cette étude lui avait donné une nouvelle expérience.

Au début de notre séjour, il avait sur quelques personnes des préventions diverses qu’il a perdues par la suite. Les circonstances lui avaient permis de constater qu’il s’était trompé d’abord.

Les fournisseurs qui dévoraient la fortune de la France avant l’avènement de Napoléon lui avaient inspiré une sainte horreur ; aussi ne manquait-il pas l’occasion de déblatérer contre ceux qu’il appelait les « gens à argent ».

Il confondait dans son anathème tous les hommes d’affaires, bons et mauvais, honnêtes et fripons,