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Il comprenait ce défaut de son caractère ; mais il n’a jamais pu s’en corriger, quelque intérêts qu’il y ait eu, parce qu’il satisfaisait sa passion du moment.

N’est-ce pas l’opposé de la dissimulation ?

Cependant, il faut dire que dans le froid de la réflexion, s’il pensait devoir dissimuler, il le faisait avec succès.

Pour moi, j’ai toujours trouvé qu’il était facile de juger quand il était vrai ou non. Si une corde sensible était touchée en lui, il fallait ne pas le connaître pour s’y laisser tromper.

Je dirai même qu’il avait une sorte de laisser aller, une intempérance de langage qui ne s’allie pas avec la fausseté.

Ainsi, dans cette vie monotone de Longwood, il aimait à savoir les plus petits détails de nos intérieurs, à recueillir toutes les nouvelles du camp et de la ville, qui n’étaient, pour l’ordinaire, que de faux rapports.

Je n’ai jamais pu me soumettre à apprendre et à redire tous les caquets de l’île ; aussi me disait-il toujours que je ne savais rien.

D’ailleurs, quand on lui répétait quelque chose qui en valût la peine, que l’on tenait d’une