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mises ; car, certes, il ne péchait pas par défaut de jugement !

Il savait sans doute cacher ses projets, ses impressions ; mais je dirai qu’il ne pouvait se vaincre au point de dissimuler longtemps.

Ce n’était pas dans sa nature ; il était, au contraire, trop en dehors.

Je citerai un exemple de son opinion sur lui-même à cet égard.

Un jour qu’il se trouvait avec M.  de Montholon à la fenêtre de sa chambre à coucher donnant sur le jardin, je passai pour aller me promener.

L’Empereur m’appela et j’entrai dans le petit jardin, lui toujours à la fenêtre.

Il engagea une conversation dans le cours de laquelle il me dit une chose qui me déplut, et je le quittais plus tôt que je n’aurais fait sans cela ; peut-être trop brusquement.

L’Empereur le remarqua et dit à M.  de Montholon : « Elle me boude ; qu’est-ce qu’elle a ? » — « Mais, Sire, c'est sans doute parce que vous lui avez dit telle chose. » — « Vous croyez que ça l’a fâchée, reprit-il ; eh bien ! voilà comme je suis ; je blesse toujours sans mauvaise intention. »