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dans une atmosphère saturée des vapeurs de la mer. Les nuages étaient quelquefois si bas que l’on ne pouvait voir le bout du jardin.

Cet air salin et l’ardeur du soleil brûlaient tout ; les étoffes de soie passaient de suite, surtout le crêpe de Chine.

Un des désagréments de ces latitudes est l’égalité constante des nuits et des jours ; il n’y a ni aube, ni crépuscule ; le soleil sort de la mer à six heures du matin et s’y replonge à six heures du soir, et peu après il fait nuit close ; aussitôt qu’il était couché, nous ne pouvions plus sortir de l’enceinte ; les sentinelles se rapprochaient et nous privaient de prolonger nos promenades du soir. On nous disait, pour nous consoler, que c’était trop heureux pour notre santé, le serein étant très dangereux ; nous pouvions cependant nous promener dans le jardin jusqu’à neuf heures, mais accompagnés d’un officier anglais.

Cette restriction et le danger de l’air de la nuit nous empêchaient de sortir. Le ciel des tropiques est si beau la nuit, les étoiles si brillantes, qu’on voudrait pouvoir passer la nuit en plein air. Mais ce plaisir, c’est la mort. Pen-